lundi 14 janvier 2008

Mon ami est passé hier soir...

Mon ami JL est passé hier soir, il transitait vers ses nouvelles fonctions au Brésil. On se voit à peu près 2 fois par an, quand il revient en France pour son boulot et pour embrasser ses enfants. Pour moi c'est toujours une joie de le revoir, je le considère comme mon frangin.

C'est la première personne qui m'a ouvert tout grand sa maison quand je faisais mes études. Cela faisait plus d'un an que j'avais laissé ma vie du Maroc, pour poursuivre mes études à la fac à Montpellier, et pendant un an j'étais déboussolé. Je partageais un appart avec deux autres déracinés comme moi, mes copains du Lycée Mixte de Fès.
Et une chose que je ne comprenait pas trop, après avoir vécu dans un pays où on était les bienvenus partout, c'était le degré de fermeture des français ( de France ). En effet durant ma première année de fac, les rares personnes avec qui j'ai sympathisé désertaient la ville pour le week-end et les vacances scolaires.
Le moral ras les chaussettes j'ai (heureusement) redoublé ma première année, (enfin le premier semestre).

Pourquoi heureusement? Parce que ça m'a permis de rencontrer JL. Je dois dire que c'était comme un coup de foudre amical ( si, si, ça existe). Des atomes crochus nous ont tout de suite rapprochés. Et avec lui, du coup moi aussi je me suis ré-ouvert aux autres et cette année là je suis fais plein de copains, qui trente ans plus tard le sont encore pour la plupart.

Ses parents m'ont tout de suite ouvert les portes de leur maison, j'ai même passé Noël chez eux en toute simplicité et je considère sa famille comme ma deuxième famille.
Avec lui j'ai fait de la spéléo, le week-end on était toujours dans un "trou", à visiter, à explorer, à topographier. J'aimais ramper dans la terre glaise, nager dans les rivières souterraines mais par contre je détestais me retrouver pendu au bout d'une corde, ou sur une échelle de spéléo, avec 70m de vide en bas et JL était toujours présent pour me rassurer, m'engueuler, me pousser... Et des trous dans notre région, c'est pas ça qui manque.

On a beaucoup voyagé ensemble, on organisait des expés spéléos un peu partout. L'Espagne, la Crête, le Maroc, la Yougoslavie....

Puis il a trouvé du boulot en Amérique du Sud, et il bosse sur les fleuves amazoniens, et moi je ne fais plus de spéléo. Au début de son expatriation, je continuais à aller dans des trous avec des copains mais je me suis vite aperçu que si je faisais de la spéléo, c'est pour être avec mon ami et partager des moments rares avec lui. Lui n'étant plus là, je n'éprouvais plus l'enthousiasme d'aller sous terre. J'ai donc arrêté.

Et hier soir il m'a raconté, comment en septembre ils (lui et une bande de scientifiques et de spéléos) ont failli se faire lyncher par tout un village d'indiens Jivaros tout emplumés et peinturlurés, et par miracle ils en ont réchappé, en s'enfuyant sur leurs pirogues. Un vrai roman, et moi j'étais pendu à ses lèvres, et j'aurai aimé être avec eux à ce moment là.



photo récupérée sur le site

Du coup je m'imaginais aller acheter sur un marché péruvien sa tête réduite. Frisson et éclat de rire.

Et voilà et ce matin, il s'est levé de très bonne heure sans faire de bruit et il est parti prendre son avion de retour.

Aujourd'hui le ciel est bas et il pleut, et je contemple le jardin par ma fenêtre en pensant à mon ami. Je suis vraiment heureux de l'avoir revu hier soir pendant une paire d'heures. Et je suis content qu'il pleuve, c'est toujours ça de gagné pour le jardin et la nappe phréatique.







3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci le gros pour cet emouvant hommage...
Je t'embrasse fort.
JL

Anonyme a dit…

Moi je dis que le "gros" a de la chance d'avoir vu JL, j'aurais bien aimé aussi. Etant au courant de cette aventure, je vais arpenter les marchés exotiques, au cas ou...
Canon

Nono de Codo a dit…

Tu as peu de chance de le trouver sur un marché, car je l'ai vu la semaine dernière et il avait bien sa tête à sa place